Le joueur du grenier : « Je ne suis pas une icône du rétrogaming ! »

C’est un personnage iconoclaste, vêtu d’une chemise hawaïenne jaune et vert, pestant dans son canapé contre des jeux vidéo sortis, il y a 15 ou 20 ans, pour les consoles Megadrive de Sega et autres Super Nintendo.
Dans une quarantaine d’épisodes sur YouTube (sa chaîne compte plus d’un million d’abonnés), le « Joueur du grenier» égratigne avec humour les Tintin au Tibet, Platoon ou autres Power Rangers. Tout est « fait maison », avec un art consommé de la débrouille. En réalité, ils sont deux à donner vie au personnage du Joueur du Grenier. Frédéric Molas en est le « visage ». Sébastien Rassiat, 30 ans, est derrière la caméra.
01net : Quel est votre parcours à tous les deux ?
Sébastien Rassiat : J’ai une formation d’électronicien, je voulais faire de la mise en scène. J’ai fait une formation à l’Ideme (Institut de développement économique méditéranéen). J’y ai connu Frédéric.
Frédéric Molas : Moi, c’est bac, BTS communication entreprises, licence multimédia. La vidéo, je m’y suis intéressé en faisant des “machinimas” (vidéos faites avec des images venant de jeux vidéo, NDLR). En parallèle, je menais ma petite vie dans des formations inutiles. Ma mère m’a poussé au cul. Elle avait entendu parler de la formation à l’Ideme. J’y suis allé un peu par dépit.
 
Comment est né le Joueur du grenier ?
SR : Après notre formation, nous avons créé une association pour filmer comme les vœux du maire, la fête de la saucisse, etc. (rires).
FM : On a fait ça bénévolement pendant un an avant de toucher un petit salaire versé par l’association. Ça nous a permis de démarrer. On savait que la boîte allait s’arrêter dans les 6 mois à venir, mais on touchait encore nos salaires. On s’est demandé quoi faire durant cette période. C’est là qu’on s’est mis à faire le Joueur du grenier, en 2009.
 
Au départ, vous avez été accusé de plagier l’Angry Video Nerd Game, alias James Rolfe...
FM : Nos deux premières vidéos étaient effectivement à la limite du plagiat. Dès la troisième vidéo, on a modifié le concept. La vitesse de croisière a été trouvée au bout de 6 ou 7 vidéos, quand on a eu une intro dans les sketchs, une fin, quand on a scénarisé les séquences, etc.
 
Comment sélectionnez-vous les jeux ?
FM : Les fans nous suggèrent des noms, mais nous avons nos listes, aussi. Il faut que le jeu soit assez important pour pouvoir faire des blagues.
SR : Comme, il n’y a souvent pas assez de contenu pour bâtir une vidéo, on fait de plus en plus de vidéos thématiques (les jeux Disney, la famille Adams, NDLR).
 
Quels sont vos jeux et plates-formes préférés ?
FM : Mon jeu préféré, c’est « Suikoden 1 » sur la première Playstation. Côté consoles, j’hésite. La PS 1 a beaucoup de jeux “cools”, que j’ai aimés. La Megadrive, c’est plus affectif, il y a Sonic, c’était pour emmerder Nintendo.
SR : Pour moi, le meilleur, c’est « The Legend of Zelda : Ocarina of time » pour la Nintendo 64. Ma console préférée, c’est la Super NES pour de Mario Kart.
 
 
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Les éditeurs râlent parfois, quand vous tancez un de leurs jeux ?
FM : Ils s’en foutent complètement ! On parle de jeux qui ont 20 ans. Au contraire, ça leur fait même plaisir. Il y a prescription. Les gens aiment bien que les entreprises fassent preuve d’autodérision.
 
Quel regard portez-vous sur les jeux actuels ?
FM : Les beaux graphismes, c’est chouette, mais pas une fin en soi. “Crysis” est magnifique, mais je ne me suis jamais autant fait chier avec un jeu. C’est vide, sans âme. “Assassin’s creed”, est un peu chiant. J’ai joué au 1 et au 2 et ne les ai jamais terminés. Quand tu as grillé le mécanisme du jeu, ça devient insupportable.
SR : “Assassin’s creed 3”, c’est en fait le 5ème. Chaque année, on a le droit au nouvel opus. C’est une formule qui marche, mais qui ne se renouvelle pas trop. La créativité existe encore, mais sur la scène indépendante. Par exemple, “Journey” sur PS3. Il y a une émotion, une poésie. C’est très “perché”, très graphique.
 
Vous ne craignez pas de vous lasser ?
FM : Nous allons continuer les vidéos au moins sur 2013. Après, s’il le faut, on commencera à en sortir doucement, avec notre nouveau concept, le Papy Grenier, ou des nouveaux trucs. On se pose des questions, c’est normal. On en est à trois ans de fonctionnement, une quarantaine de vidéos. L’AVGN, dont on s’est inspiré, s’est arrêté au bout de 4 ans.

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