Que peut faire Dailymotion maintenant ?

 Avec l’abandon de Yahoo!, Dailymotion perd un allié de poids. La filiale d’Orange aurait bénéficié d’un partenaire stratégique international disposant d’une large régie publicitaire et d’une grande expertise dans les services web. De plus, Yahoo! possède un trafic web conséquent avec ses 741,2 millions de visiteurs uniques par mois dans le monde (source Comscore – Février 2012). Un trafic dont aurait pu bénéficier Dailymotion. Intégrer des vidéos Dailymotion sur les portails de Yahoo! aurait augmenté immédiatement son audience, dans de larges proportions.
Ce capotage pose donc un vrai problème pour Dailymotion. Brillant second derrière YouTube, il peine tout de même à rattraper son retard vis-à-vis du service de Google. Le service français attire aujourd’hui 112 millions de visiteurs uniques par mois, mais YouTube reste dix fois plus gros avec plus d’un milliard de visiteurs uniques mensuels. YouTube accapare totalement ce marché, à tel point que d’autres acteurs ont d’ailleurs jeté l’éponge. Pour mémoire, Microsoft a abandonné en 2009 sa plateforme vidéo Soapbox, qui n’a jamais décollé face à la déferlante YouTube. Dailymotion n’a donc pas le choix. Il lui faut de nouveaux investisseurs pour assurer sa croissance.

Microsoft ? Sequoia ? Amazon ?

Quelles pistes lui reste-t-il au fleuron numérique français ? Parmi la soixantaine d’acteurs déjà approchés par Orange figurerait justement Microsoft. L’éditeur de Windows pourrait redevenir un candidat potentiel. En s’associant à Dailymotion, Microsoft se repositionnerait ainsi face à YouTube et s’attaquerait, une fois de plus, à Google, désormais sa bête noire. La firme de Redmond apporterait à Dailymotion sa force commerciale et publicitaire, ainsi que du trafic web, notamment via son moteur de recherche Bing.
Le fonds d'investissement américain Sequoia Capital, spécialisé dans l’industrie IT, avait également été évoqué comme partenaire potentiel pour Dailymotion. Une solution que n’a pas privilégiée initialement Orange, mais qui pourrait désormais être reconsidérée.
Parmi les autres candidats potentiels, certains observateurs du marché évoquent aussi aujourd’hui Amazon.com. Il faut dire que le géant américain du commerce électronique est en pleine diversification. Il commercialise des tablettes, des services de Cloud, de la musique à télécharger ou encore des livres électroniques. Ajouter une plateforme de partage de vidéos lui permettrait de proposer des contenus complémentaires à ses services, notamment à visionner sur ses tablettes. Reste que tous ces candidats d’outre-Atlantique risquent fort d’être quelque peu refroidis par l'intervention d’Arnaud Montebourg.

L’Etat pourrait mettre la main à la poche

À moins que ce ne soit finalement l’État français qui finance en partie le développement international de Dailymotion. Selon Les Echos, les dirigeants de l’entreprise ont rencontré Fleur Pellerin le 26 mars. Ils ont expliqué à la ministre chargée de l'Économie qu’ils souhaitaient lever environ 50 millions d’euros pour accompagner leur R&D et développer des filiales étrangères. L’État pourrait donc consentir à une participation via le Fonds pour la société numérique PME (FSN PME).  
Mais après l’intervention du ministre de Redressement productif, la direction de Dailymotion n’a peut-être plus tellement envie de négocier avec le gouvernement. Ces 50 millions d’aides gouvernementales feraient de toute façon pâle figure face aux 300 millions que proposait Yahoo!.
La solution la moins problématique serait peut-être un partenariat avec un acteur européen. Mais qui ? Néanmoins, même sans partenaire international, la plateforme française ne devrait pas pour autant disparaître. Elle est rentable et a dégagé environ 40 millions d’euros de revenus en 2012, soit un chiffre d’affaires en croissance de 55 %. Sauf que son développement sera considérablement ralenti. Et dans ce cas, Dailymotion risque de ne jamais sortir de l’ombre de YouTube.

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