[LeWeb12] Le crowdsourcing américain à la conquête de l’Europe


Les différentes sessions qui se sont déroulées lors des trois jours LeWeb Paris 2012 ont permis de mesurer l’impact pris par des services tels que Kickstarter ou Indiegogo aux Etats-Unis. La quantité de projets lancés sur ces plates-formes est désormais colossale : Kickstarter avance ainsi le chiffre de 30 000 projets initiés et de 350 millions de dollars levés par ses soins, avec 2,5 millions de participants. Loïc Le Meur lui-même a été surpris par le nombre de bras levés dans la salle alors qu’il demandait si quelqu’un avait déjà eu recours à ce service.
Indiegogo, quant à lui, était présent aux Docks de Paris afin d'y annoncer l’extension de son service sur l’Europe (au Royaume-Uni, en France et en Allemagne), grâce auquel un entrepreneur pourra maintenant financer son projet en euros. Danae Ringelmann, cofondatrice d’Indiegogo, est venue à Paris pour annoncer l’internationalisation du service, notamment avec son lancement sur la France : « Notre service est déjà internationalisé : 30 % des projets sont déjà à l’étranger, mais j’annonce que notre site sera disponible en français et en allemand […] Ce sera aussi le cas du support client qui sera disponible dans ces langues. » Le service accorde une liberté totale dans les projets déposés par ses membres et se pose comme un tiers totalement neutre sur ce qui est proposé. Interviewée par nos confrères de BFMTV, elle a ajouté : « Indiegogo permet de récolter plusieurs millions de dollars chaque semaine, et qu’à chaque instant 6 000 à 7 000 campagnes sont en cours sur le site. Notre campagne la plus importante a permis de lever 1,3 million de dollars pour un musée à New York. »

Quirky préfère s’allier à Auchan

Les produits élaborés par la communauté Quirky vont être commercialisés par Auchan.

Hasard du calendrier, sans doute, le lendemain de cette annonce, un autre site de crowdsourcing annonçait son arrivée en France, le New-Yorkais Quirky en l'occurence. L’approche est radicalement différente puisque Quirky a fait le choix de s’appuyer sur un puissant partenaire pour aborder le Vieux Continent, à savoir le groupe Auchan. Car, à la grande différence de Kickstarter ou Indiegogo, Quirky ajoute un volet conception et production industrielle en aval des volets crowdfunding et crowdsourcing de ses concurrents. Quirky assure l’ingéniérie et sous-traite la production des produits proposés par ses membres et il les commercialise auprès des grands distributeurs américain.
Et, de fait, Quirky commercialise des produits de grande consommation, que se soit des adaptateurs électriques, des caisses de rangement, des acessoires mobiles, etc. Il va commercialiser une part de ce portefeuille produits issu de l'imagination de ses membres, auprès d’Auchan qui devient partenaire exclusif de l’Américain pour ces prochain mois sur la France. Dès le 14 janvier, les produits, mais aussi la communauté Quirky, vont être présentés à tous les clients des hyper et supermarchés de l'enseigne.

Le capital-risque ne s’avoue pas vaincu par le crowdfunding

Pour Jeff Clavier, le crowdfunding ne remplacera pas le rôle des VC.

Face à cette montée en puissance du financement par la communauté, le rôle du capital-risque est en train d’évoluer. Car des entrepreneurs  parviennent désormais à lancer des produits, y compris physiques, sur Quirky, sans réaliser les traditionnels premiers tours de financements auprès de business angels et de capitaux-risqueurs. Danae Ringelmann se défend toutefois de vouloir ringardiser ce mode de financement traditionnel : « Nous sommes une formidable plate-forme d’incubation de projets, souligne-t-elle.L’approche des 43 capitaux-risqueurs présents dans la Valley consiste généralement à demander aux jeunes entrepreneurs d'aller prouver ailleurs que leur projet répond à un besoin du marché et de revenir si c'est bien le cas ! En ce sens, nous sommes un incroyable outil de validation des projets par le marché. »
Pour Jeff Clavier, fondateur du fonds SoftTech VC, le crowdfunding ne remet effectivement pas en cause son rôle sur le marché : « Le crowdfunding remplace en quelques sorte le premier tour réalisé jusqu’alors auprès de la famille ou des amis dans les créateurs d’entreprise. En ce sens il ne remplacera pas l’argent des capitaux-risqueurs. » En outre, le rôle d'un investisseur ne se limite pas à apporter des fonds, mais aussi à conseiller l'entrepreneur dans ses choix stratégiques et surtout faire jouer de son carnet d'adresses pour lui trouver des partenaires afin d'accélérer son développement. Jeff Clavier reconnaît en outre être totalement débordé par le nombre de projets qui lui sont soumis et ne plus avoir le temps d’analyser chacun des dossiers qui lui sont soumis. L’écrémage par les plates-formes de crowdsourcing est donc bienvenu dans le secteur. Bernard Liautaud, le fondateur de BusinessObjects aujourd’hui partenaire dans le fonds Balderton Capital souligne : « On est ici pour rester. On doit évoluer car il y a plus d’investisseurs, il y a plus d’argent sur le marché. On doit être meilleurs encore mais surtout fournir bien plus que de l’argent. »
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