Idate : l’industrie numérique ébranlée par la guerre des plates-formes


Quel avenir pour l’industrie numérique ? Quels seront les modèles économiques de demain ? Ce mardi 14 novembre 2012, comme chaque année, les industriels du secteur high-tech se sont donnés rendez-vous à laconférence Idate à Montpellier pour en débattre. Et les premières interventions montrent à quel point l'incertitude règne dans ce vaste marché. Ce n’est pas pour rien que l’Idate a démarré cette première journée sous le signe des « game changers », des changements des règles de jeu économiques.
En première ligne se trouvent, évidemment, les opérateurs télécoms, attaqués de toutes parts et qui ont de plus en plus de mal à se positionner dans la chaîne de valeur. « En Europe, les télécoms mobiles sont en récession depuis deux ans. Et un écart de compétitivité se creuse avec les Etats-Unis », explique Yves Gassot, directeur général de l’Idate. La faute à qui ? Aux applications et aux services, qui attirent davantage les clients finals, et qui sont en train de concentrer la valeur dans le numérique. A l’inverse, les opérateurs se transforment en simples fournisseurs de tuyaux, sans grande valeur ajoutée, et de plus en plus soumis au dumping tarifaire.

De la bataille des OS vers la guerre des plates-formes

Pour sortir de ce piège, Leo Apotheker, ex-patron d’HP, suggère aux opérateurs de changer de modèle économique et de devenir des « plates-formes », c’est-à-dire des acteurs capables d’agréger et de produire de manière cohérente des applications et des services. « Vous pourriez, par exemple, devenir des plates-formes pour l’internet des objets », souligne-t-il. Evidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Néanmoins, cette analyse est juste : « Nous ne sommes plus dans une bataille des systèmes d'exploitation, mais dans une guerre des plates-formes », explique Frédéric Pujol, responsable des services mobiles au sein de l’Idate. Selon l’Institut, cinq plates-formes sont aujourd’hui en compétition : Apple, Google, Facebook, Amazon et Microsoft. Ils se battent tous pour les mêmes utilisateurs, mais chacun a ses propres armes, développées en interne ou récupérées par acquisition : un moteur de recherche particulièrement efficace, un terminal mobile très séduisant, une plate-forme cloud, un moteur publicitaire, une communauté de développeurs, etc.
Mais quelle est l’arme fatale ? En existe-t-il une ? Bien sûr, il n’y a pas réponse sur ce sujet. Néanmoins, pour Frédéric Pujol, le contenu risque de jouer un rôle de plus en plus secondaire, car il se diffuse trop facilement et ne permet donc pas de « capturer » des clients. A l’inverse, un terminal tel que l’iPhone ou le Kindle a davantage cette capacité.

Le monde audiovisuel en pleine ébullition

Ce problème de la valorisation du contenu est particulièrement embêtant pour les acteurs de l’audiovisuel. Selon Gilles Fontaine, directeur général adjoint de l’Idate, ces derniers étaient jusqu’alors relativement préservés grâce aux contrats d’exclusivité et aux réseaux de diffusion propriétaires. Avec internet et la multiplication des terminaux, ce système est en train d’exploser.
La diffusion de contenu peut désormais être assurée par des fournisseurs d'accès à internet ou des éditeurs de logiciels. Des acteurs comme Google veulent avoir leur part du gâteau, en proposant à la fois une plate-forme de diffusion (YouTube) et des solutions d’équipement terminal (Google TV).
Bref, les lignes de démarcation changent sans arrêt ou, comme le dit Leo Apotheker, « nous sommes actuellement dans le vortex de la plus grande révolution que le marché numérique n’ait jamais connu ». Voilà qui est dit.
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